L’entreprise Envol Funér’Air propose un service innovant : disperser les cendres d’un défunt par drone, dans la baie du Mont-Saint-Michel. Un dernier voyage symbolique entre terre, air et mer.
Ce jour du mois de juin, toutes les conditions météorologiques sont réunies. Devant eux, la baie du Mont-Saint-Michel se dévoile. Olivier, accompagné de sa famille, fait un signe à Jean de Montgolfier et le drone décolle. Et, sous le regard bienveillant de l’archange à la croisée de la Normandie et la Bretagne, les cendres de sa mère se dispersent. « Ma maman adorait cette région, confie Olivier Bien, son fils. Elle avait fait le choix d’être incinérée et nous avons découvert cette initiative qui correspondait à nos attentes et à son vœu le plus cher. »
Une prestation globale
Jean de Montgolfier crée Envol Funér’Air en avril 2018. « On m’a proposé de faire de la dispersion de cendres en avion » raconte Jean de Montgolfier, instructeur en aéroclub, et ancien pilote militaire. « J’ai pensé au drone pour proposer une nouvelle alternative aux pratiques habituelles. » Jean investit dans un premier drone de 1,10 mètre d’envergure pouvant transporter 6 kg. Avec l’aide de partenaires il conçoit un système de dispersion douce. « J’ai alors acquis un véhicule dédié à cette cérémonie ainsi qu’un terrain à la Roche Torin pour l’accueil des participants et le départ du drone. » La prestation est accessible sur une base de 590 €.
Chaque famille, acteur de sa cérémonie
La prestation est une cérémonie funéraire complète au bord de la mer. | FUNER’AIR
L’urne est accueillie sur ce lieu par exposition sur un présentoir puis les cendres sont transférées à l’intérieur d’une urne brevetée qui vient se fixer sous le drone. Ce « passage » est réalisé à l’abri des regards à l’aide d’un meuble de confinement. L’appareil décolle : « Dès qu’il est à distance souhaitée, la personne me fait un signe et je commande la dispersion », explique Jean de Montgolfier. La famille distingue un petit nuage à l’œil nu, qui peut être visionné sur un écran grâce à une caméra embarquée.
« Nous proposerons prochainement une visualisation en direct sur internet pour les personnes ne pouvant pas se déplacer », poursuit le créateur du concept, qui souhaite étendre son initiative à d’autres départements. « Cet instant apporte à la famille, avec beaucoup d’humanité, des images gravées à jamais dans la mémoire. Cela aide au travail de deuil », souligne Valérie Lepetit, responsable d’une entreprise de pompes funèbres à Saint-Hilaire-du-Harcouët dans la Manche. « Nous avons respecté le choix de ma mère, se réjouit Olivier. Jamais je n’aurais imaginé que c’était possible. Son souvenir est désormais relié en partie à ce lieu symbolique. Je crois que nous y retournerons très prochainement. »
Dispersion des cendres : que dit la loi ?
Que faire des cendres d’un défunt après une crémation ? Depuis 2008, il est interdit de conserver les cendres chez soi. Le crématorium peut les conserver pendant une durée maximale d’un an. L’urne peut être enterrée dans un cimetière, dans une concession « cinéraire », dédiée spécifiquement, ou une concession funéraire familiale. Elle peut être placée dans un cimetière, scellée à un monument funéraire, ou déposée dans un columbarium. Les cendres peuvent être dispersées dans un « Jardin du souvenir » ou en pleine nature avec l’accord de la mairie. Le vol du drone est soumis à la réglementation aérienne et particulièrement encadré. Les cendres sont dispersées dans la baie du Mont Saint-Michel, classée domaine maritime public. La dispersion des cendres doit se faire à trois cents mètres du trait de côte, selon la réglementation funéraire, et au maximum à mille mètres depuis l’émetteur du drone, selon la réglementation aérienne.
Les cendres de vos défunts dispersés par drone
https://www.leparisien.fr/societe/les-cendres-de-vos-defunts-disperses-par-drone-12-05-2019-8070261....
